Carignan : 60 ans connectés à notre nature
En 2025, la Ville de Carignan marquera son 60e anniversaire, une occasion unique de mettre en lumière son évolution et les gens qui ont contribué à son essor. À travers diverses initiatives et événements, la Ville souhaite célébrer son patrimoine, sa communauté et son lien privilégié avec la nature.

Un logo anniversaire pour marquer cette année spéciale
Pour souligner cet anniversaire, la Ville a créé un logo spécialement conçu pour l’occasion. Inspiré du logo officiel de Carignan, il reprend les lignes traversantes et les couleurs distinctives qui rappellent son identité visuelle. Le slogan « 60 ans connectés à notre nature » vient renforcer l’esprit de continuité et d’inclusion, en s’appuyant sur le slogan original « Connectée de nature ». Il reflète à la fois le lien fort entre Carignan et son environnement naturel, ainsi que l’attachement de ses citoyens à leur ville et à son évolution au fil des décennies.
Tout au long de l’année, la Ville mettra en lumière quatre grandes thématiques qui racontent son histoire et son identité :
- Les familles emblématiques et figures marquantes : pour souligner l’importance des bâtisseurs de notre communauté. (Tradition, solidarité, héritage)
- L’histoire du chemin de fer : pour illustrer l’impact du rail sur le développement et la connectivité de la ville. (Progrès, connectivité, modernisation)
- La villégiature et les loisirs : pour rappeler les plaisirs simples de la vie autour du bassin de Chambly et la proximité avec la nature. (Bien-être, nature, plaisirs simples)
- L’évolution de l’agriculture : pour reconnaître l’importance de l’agriculture dans l’histoire et le présent de Carignan. (Durabilité, innovation, traditions)
Consultez les textes disponibles des ces quatre grandes thématiques ci-dessous.
L’apport communautaire de nos familles
Nos familles sont la marque de nos villes et villages. Elles ont établi une communauté avec leurs premiers habitants et leurs métiers. Leurs générations successives à Carignan ont permis d’en faire une ville telle qu’on la connaît.
Pensons à la famille de Gilbert Martel qui en 1996, cède une partie de ses terres pour y ériger l’école primaire Le Parchemin. Le nom de Gilbert Martel, sera donné à la rue conduisant à l’école au cœur d’un boisé naturel pour souligner l’apport historique de plusieurs générations de cette famille.

Le marié est Maurice Bisaillon, le père de Céline Bisaillon. À sa droite, son grand-père, Henri. La mariée est Thérèse Raymond, la mère de Céline Bisaillon, accompagnée de son parrain.
L’implication de la grande famille Bisaillon à Carignan est là pour de bon. L’ancêtre Étienne Bisaillon, installé au fort de Laprairie vers 1667, a de nombreux descendants qui s’établirent en haut de la petite rivière de Montréal (rivière l’Acadie), sur le deuxième rang, le rang Bellerive. Henri Bisaillon, grand-père de Céline, participa à la fondation de la Caisse populaire. Un parc porte son nom. Deux Bisaillon furent maires, huit ont été échevins, pour remonter jusqu’à Louise qui représenta la population durant 15 ans. Elle est aussi marguillère depuis longtemps. On dénombre chez les descendants entre un et six instituteurs (trices) par maisonnée. Certains se souviendront de Julien, retraité, et de Micheline qui travaille toujours à l’école Le Parchemin.
L’aïeul légua sa passion pour l’agriculture à ses descendants. En amont de la rivière, les fermes laitières parsèment le paysage. Certains d’entre eux cultivent encore et siègent à l’Union des producteurs agricoles de la Montérégie. Céline participe à divers comités consultatifs municipaux. L’engagement communautaire est une valeur fondatrice de la famille Bisaillon.
L’île Goyer fait partie d’un archipel entre les rivières l’Acadie et Richelieu. En 1946 trois hommes d’affaires, Conrad Williams, Arsène Burelle et Arthur Dupré, achètent l’île dans le but d’y construire des résidences familiales. Conrad Williams s’installe sur l’île avec sa famille. En 1954 les frères Edouard et Charles-Émile Goyer deviennent propriétaires de l’île et y favorisent un développement permanent. L’île porte maintenant leur nom.
On se souviendra du dépanneur construit par Conrad Williams vers 1946, et maintenant démoli. C’était fort utile pour y compléter l’épicerie. De même la marina était fort fréquentée dans les années 1970-1990. On célébrait des mariages dans ce restaurant bien apprécié. Aujourd’hui la marina est remplacée par le Parc des Îles, un espace vert permettant d’y admirer le bassin.
Bref, l’engagement communautaire des résidents de la campagne de Chambly a modelé à Carignan les paysages champêtres.
Céline Bisaillon et Thérèse Malo
Société d’histoire de la seigneurie de Chambly
Une gare et le « paradis des travailleurs »
À Carignan, la présence d’une ligne de chemin de fer est à l’origine d’un ensemble résidentiel : Albani Extension, que les promoteurs n’hésitent pas à qualifier de « paradis des travailleurs ».

Parcours du tramway entre Montréal et Granby dès 1912, passant par Chambly et plusieurs autres villes de la région.
Dès 1854, il est question de développer une ligne de chemin de fer entre Montréal et Sorel en passant par Chambly. Ce projet ne se réalisera pas, faute de capitaux. Ce n’est qu’à partir d’octobre 1873 que les premiers trains tirés par des locomotives à vapeur sillonnent le territoire avec la Montreal, Chambly & Sorel Railway Co. Aux balbutiements du 20e siècle, « les petits chars », c’est-à-dire les tramways électriques, font leur apparition. Ce mode de transport léger relie le centre-ville de Montréal aux municipalités qui l’entourent.
Établie en 1909, la ligne numéro 3 de la Montreal and Southern Counties Railway traversera le territoire de Carignan à partir de 1912 avec trois arrêts : Montreal River Road (de l’ancien nom de la rivière l’Acadie : Petite Rivière de Montréal), Albani et Highland Gardens.
Cette année-là, le promoteur immobilier, C.C. Cottrell Limited propose un projet résidentiel autour de la gare près de la rivière. On écrira même à la grande cantatrice Emma Albani pour solliciter l’autorisation d’utiliser son nom. Ainsi naît le projet Albani Extension, largement annoncé dans les journaux de 1912 et de 1913. Les terrains sont offerts à partir de 19 $ le lot, et jusqu’à 110 $ pour ceux situés près du chemin de fer. Les terrains les plus éloignés ne sont qu’à 800 pieds de la gare. Pour visiter ce site enchanteur, surnommé le « paradis des travailleurs », un train spécial nommé « Albani » part chaque dimanche à 14 heures du centre-ville de Montréal et les billets de tramway sont gratuits. Un témoin raconte qu’en un seul jour, quelque 300 personnes profitent de l’aubaine et l’équivalent de 25 000 $ de terrains s’envole.
En 2020, les rails sont démantelés. De nos jours, la rue Albani ainsi que la piste cyclable installée sur l’ancienne emprise du chemin de fer témoignent de ce passé révolu.
Louise Chevrier
Société d’histoire de la seigneurie de Chambly